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Al-Jazira

par Alain Gresh, 25 juillet 2006

Il faut regarder la télévision Al-Jazira, même si on ne comprend pas l’arabe. Elle offre une vision de la guerre actuelle au Liban tellement différente de ce que rapportent les chaînes occidentales. D’abord par la place accordée aux événements qui occupent l’essentiel des programmes d’information. Avec ses correspondants à Jérusalem, dans le nord d’Israël, dans le sud du Liban, à Beyrouth, à Gaza, on vit « la guerre en direct ». Ce matin 25 juillet on pouvait suivre le bombardement de la ville historique de Tyr et surtout de ses environs, de mer, de terre et des airs. D’autre part, Al-Jazira accorde une place centrale aux victimes civiles des bombardements. Ce matin encore, une famille de neuf personnes a été tuée : le journaliste explique que, effrayées, les familles se regroupent dans des immeubles où elles se croient en sûreté, et c’est là qu’elle sont frappées par les bombes israéliennes. Ces images d’enfants brûlés, d’ambulances carbonisées, de maisons effondrées, de routes bombardées, doivent avoir un formidable impact sur les populations de la région. On imagine facilement la haine que ces images peuvent provoquer, non seulement contre Israël, mais aussi les pays occidentaux qui, non seulement laissent faire - ce matin, Condoleezza Rice a confirmé au gouvernement israélien qu’il disposait de tout son temps pour achever la besogne -, mais, en plus, se gargarisent des termes de démocratie, de droits de la personne, de justice. N’oublions pas que le Hezbollah est né de l’invasion israélienne du Liban en 1982 ; quelle autre organisation naîtra des ruines libanaises de 2006 ?

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Dans une tribune de Haaretz intitulée « Morality is not on our side », Ze’ev Maoz rappelle que, « le 28 juillet 1989, nous avons capturé (au Liban) le cheikh Obeid, et le 12 mai 1994, nous avons capturé Moustapha Dirani, qui était responsable de la capture de Ron Arad. Israël a maintenu ces deux personnes et vingt autres en prison sans procès pour servir de monnaie d’échange. Ce qui nous est permis est, bien sûr, interdit au Hezbollah ».

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Une très étonnante phrase dans l’entretien du quotidien libanais As-Safir avec le secrétaire général du Hezbollah, le 24 juillet. A propos des propositions sur l’installation d’une force internationale dans le sud du Liban, il affirme : « Nous ne ferons pas de commentaires sur des idées qui circulent dans les médias. Mais il faut noter que, alors que le gouvernement ennemi rejetait l’idée de forces internationales au début, le ministre sioniste de la guerre Amir Peretz a annoncé hier son accord avec le déploiement le long de la frontière avec l’entité usurpatrice (Israël) d’une force dirigée par l’OTAN. Ce changement de la politique israélienne devrait être étudié attentivement et suivi de près avant d’adopter une position positive ou négative envers telle ou telle idée. » Nasrallah accepterait-il le déploiement d’une telle force sous certaines conditions ?

Alain Gresh

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