En kiosques : avril 2024
Abonnement Faire un don
Accéder au menu

Jeux vidéo : la guerre à portée de tous

par Tony Fortin, 26 juin 2007

En se focalisant sur la violence que susciteraient les jeux vidéo, on mésestime assez souvent leur qualité d’œuvres de l’esprit. A la base, leurs règles déterminent l’interaction du joueur et de la machine. Et ces règles sont autant d’expressions particulières du monde, ce qui devrait leur valoir d’être qualifiés de biens culturels et non de logiciels comme le droit le fait. Paradoxalement peut-être, il ne faut pas oublier que ce média est partie prenante d’une industrie globalisée pesant près de 20 milliards d’euros par an de chiffre d’affaires, ce qui aboutit nécessairement à un formatage des contenus.

Politiquement, les jeux vidéo demeurent des simulations d’idéologies qui préfèrent transposer les structures et les dogmes de leur époque plutôt que de restituer mécaniquement la réalité des forces en présence sur le plan géopolitique. En conséquence, à l’instar du cinéma ou des séries télévisées, on ne sera pas surpris de constater aujourd’hui la persistance d’univers marqués par les conséquences des événements du 11 septembre 2001. Ainsi, la scénarisation des conflits conduit à la mise en scène d’un chaos systémique qui les dépolitise, à la justification de la lutte contre le terrorisme, au révisionnisme historique et à la criminalisation de solutions politiques alternatives essaimant en Amérique latine. Cette représentation idéologique dresse tout autant l’état d’un monde sans droit ni morale que celui d’un ordre international gouverné sans partage par la première puissance mondiale.

Jusqu’à la fin des années 1990, les jeux vidéo ont toujours été empreints d’une conception bipolaire des rapports géopolitiques, les Etats-Unis s’opposant à la Chine, à l’Iran ou à la Russie (Balance of Power, Red Alert, etc.). On constate désormais l’apparition d’un troisième camp : le « terrorisme islamiste ».

C’est cet univers qu’explore Tony Fortin dans « Le Monde diplomatique » de juillet 2007, et dont nous vous proposons de débattre ci-dessous.

Tony Fortin

Partager cet article