Ce très intéressant article m’a inspiré quelques réflexions :
• Bien que l’Autriche, à la différence (brève) de l’Allemagne n’ait jamais eu de colonies extra-européennes, on n’en croise pas moins, à Vienne, des visages fort éloignés du type autrichien. Ainsi en est-il des vendeurs de journaux indiens, qu’on voyait (qu’on voit encore ?) aux carrefours. Ainsi en était-il, en 1997, au vestiaire du Belvédère supérieur, où je remis mon sac à dos à des femmes manifestement chinoises… mais parlant allemand avec un accent viennois à couper au couteau ! Ou, dans le métro, de conversations dans le même idiome entre passagers noirs comme du café…
• Traiskirchen, le lieu d’accueil des réfugiés, est situé tout près de Vienne, et, à bien des égards, Vienne est encore moins l’Autriche que Paris n’est la France. Au contraire, même ! Alors que les provinces (Tyrol, Vorarlberg, Carinthie…), ont, jusqu’à présent, été fort peu mêlées, Vienne accueillait, en 1914, des représentants des dix nationalités entre lesquelles se partageait la Double Monarchie. [Plus les juifs – et même surtout les juifs – dont on a dit qu’ils étaient les seuls véritables « Autrichiens » de S.M. l’Empereur et Roi…]. Symboliquement, parmi les dernières marques de l’empire austro-hongrois figure le comte de Coudenhove-Kalergi, de père austro-hongrois… et de mère japonaise, et polyglotte de haut vol, ainsi que le choix de Vienne comme cité onusienne.
• Il me semblait que la fonction des six Flaktürme était (comme leur nom l’indique), celle de plateformes de DCA, secondairement de refuge pour la population (d’une capacité d’accueil de 15 000 à 30 000 personnes) et, finalement, de marque architecturale du régime nazi sur la ville (comme le Ring l’avait été de François-Joseph). [Voir l’article de Wolfram Bayer, « Hitler’s Houses » dans Vienne Autrement, page 103]. Et, apparemment, le lieu de rendez-vous choisi n’est qu’à 1,5 km à vol d’oiseau et dans le même arrondissement que la Taborstraße, où se trouve Sharon’s Stone. Si j’ai bien compris, le monument à Marcus Omofuma se trouve près de la station de métro Museumsquartier, sur la ligne U2, tout près du Kunsthistorisches Museum, c’est-à-dire pratiquement à deux pas du centre ville, à 250 mètres de la Hofburg par la Babenbergerstraße.
• Le cosmopolitisme de Vienne (allant de pair avec des municipalités SPÖ depuis 1945) semble, par réaction, avoir nourri la réaction des provinces, moins mélangées ethniquement et, souvent, beaucoup plus réactionnaires. Cf., par exemple, l’élection de Haider en Carinthie. Peut-être la violence des policiers autrichiens s’explique-t-elle aussi dans ce contexte…