Cette simulation intervient en parallèle avec des manœuvres de l’armée israélienne, pour tester ses capacités à se défendre contre d’éventuelles attaques aériennes ; et dans un contexte de tension croissante avec Téhéran – l’Etat hébreu ayant menacé de frapper la république islamique, qui ne cache pas elle-même ses ambitions nucléaires et son hostilité à Israël, et à l’existence même de cet Etat. Le tout à quelques jours du premier déplacement au Proche-Orient du nouveau président Barack Obama, dont les intentions au sujet du règlement de la crise palestinienne – deux Etats, gel des colonisations - ont déjà provoqué un net refroidissement des relations avec le gouvernement israélien.
Scenarios catastrophes
Au troisième jour de l’exercice, mardi à 11 heures, les sirènes dans les lieux publics et dans les écoles inviteront l’ensemble de la population à gagner les abris ou les zones protégées. Les habitants du Golan sont censés le faire en 30 secondes. Ceux de Tel Aviv en 2 minutes, et ceux de Jérusalem en 3 minutes. Ces derniers jours, les stations de radio-télévision publique et militaire ont appelé à vérifier les abris, en vertu du slogan : « Etre protégé, c’est être prêt ».
Le gouvernement israélien doit simuler, en parallèle, des réunions du cabinet, au cours desquelles les ministres s’exerceront à prendre des décisions d’urgence, adaptées à ces divers scénarios catastrophes, sur fond d’attaques « sur tous les fronts et par différents moyens », même s’il s’agit d’éventualités « hautement improbables », a précisé un porte-parole militaire. Cet exercice devra également permettre de tester la réponse de l’armée et des services de secours en cas de tremblement de terre ou d’épidémies.
Un exercice de ce type est mené en fait chaque année à pareille époque, et qualifié chaque fois de « plus important depuis la création de l’Etat d’Israël » : la guerre au Sud-Liban en 2006, en même temps qu’elle avait mis en relief les faiblesses de l’appareil militaire, avait permis de pointer le manque de coordination des organismes de protection civile. Un million de personnes dans le nord d’Israël avaient vécu sous le feu des quatre mille roquettes tirées en quelques semaines depuis le territoire libanais. A la suite de rapports très critiques, une Autorité nationale des urgences avait été créée.
« Metteur en scène de l’attentat »
Lors du premier « Turning Point », en 2007, raconte le Progrès égyptien, « il y avait, dans le quartier de Ramat Gan, au milieu de voitures de pompiers et d’ambulances fonçant dans tous les sens, un homme portant un mégaphone avec l’ inscription “Metteur en scène de l’attentat” sur son dos. Il y a là de fausses victimes qui sont repoussées par les pompiers, de faux journalistes posant de vraies questions, le tout dans le hululement des sirènes d’alerte. Et à proximité, des douches pour décontaminer blessés et sauveteurs ».
Outre le faux attentat de Ramat Gan, continue ce périodique égyptien, « le scénario avait prévu des tirs de missiles à ogive chimique en provenance de Syrie sur Tel-Aviv, des tirs de roquettes palestiniennes contre une centrale électrique à Ashkelon, une chasse à l’homme contre un kamikaze, l’accueil de 5 000 victimes dans les hôpitaux, et des émeutes sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-est. Le scénario visait aussi des manifestations d’Arabes israéliens à Jaffa (près de Tel-Aviv), des attaques de roquettes contre l’aéroport international Ben Gourion à Tel Aviv, une attaque de missiles conventionnels contre un hôpital de Haïfa (nord) et l’infiltration d’un drone du Hezbollah… ».
Voute de fer
Une série de déclarations ces derniers jours ont donné au « Turning Point 3 » un relief particulier. Le premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou : « Si Israël n’élimine pas la menace iranienne, personne d’autre ne le fera ». Le chef d’état-major des forces israéliennes de défense, le général Gabi Ashkenazi : « Je me prépare à toutes les mesures possibles contre l’Iran ». Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah : « Nous sommes prêt à faire face à une nouvelle guerre ».
En août 2008, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak avait affirmé que son pays « serait désormais branché au système d’alerte anti-missile américain », Washington ayant promis de déployer sur le sol israélien des radars à longue portée réduisant significativement les délais d’alerte. Mais le système Hetz (Arrow), pour contrer les missiles à longue portée, est encore en développement ; et le système baptisé « Voûte de fer » (Dome Iron), confié à la société israélienne Rafaël, pour la détection et la réplique face à des tirs de roquettes, ne sera pas opérationnel non plus avant l’an prochain. Faute de mieux, les autorités israéliennes sont contraintes de se rabattre, pour l’heure, sur l’antique système des sirènes : plusieurs centaines d’engins supplémentaires ont été installés depuis l’an dernier, pour rugir mardi à 11 heures...